Eternals
Sorti simultanement en HC chez Marvel et en Français chez Panini, Eternals de Neil Gaiman et John Romita Jr est la série phénomène de 2006 remettant au gout du jour les héros oubliés créés par Jack Kirby il y a 30 ans.
La série initiale de Kirby faisait 19 numéros (+ un double annual, le tout disponible en Omnibus), celle-ci en fait 7, elle (re)place les Eternals de façon brillante et définitive dans le monde actuel et dans l'univers Marvel Post Civil War (d'où des situations ubuesques où Iron Man demande aux Eternals s'ils sont "registered" ou non et de quel coté ils se situent ("whose side are you on ?")).
Les Eternals sont des êtres immortels créés par les Celestials, des colosses venus de l'espace il y a des milliers d'années. Kirby a toujours aimé l'idée que les Dieux étaient en fait des extra-terrestres que les êtres primitifs vénéraient. De ce postulat, il a créé les Celestials et les Eternals, sortent de gardiens sur terre de ces croyances et de l'harmonie sur la planète.
Eternals est une série phare pour Kirby. C'est la dernière qu'il a réalisé pour Marvel, c'est une histoire qui lui tenait à coeur après les fiascos de New Gods et Fourth World (que DC a massacré par la suite). de retour chez marvel en 75, Kirby a dessiné sans panache des épisodes de Captain America (30 ans après l'avoir créé), de Black Panther et 2001 l'odyssée de l'espace (sic). Eternals fût une sorte de récompense, sa propre série après des années de bon et loyaux services, son baton de maréchal.
Le génie de cette nouvelle série tient au talent de Gaiman et Romita. Gaiman s'amuse et cabotine dans l'exercice convenu de présenter en quelques épisodes des héros oubliés, et qui ont tout oublier. Ca fait penser aux premiers épisodes de Runaways ou de Heroes, il s'agit de mettre en place les choses, et Gaiman fait ça très bien.
L'autre coup de génie, c'est le retour en grace de John Romita Jr. Pour ceux comme moi qui avaient trouvé son travail très aseptisé sur Wolverine et Sentry (dessin rond, encrage parfait et trop propre, couleurs trop vives), vous serez ravi de savoir que le grand John est de retour (celui de Daredevil Man Without Fear, Iron Man et Uncanny X-Men). En effet, on retrouve ses traits caractéristiques très carrés, les volumes, les perspectives : tout y est, le travail est admirable, notamment dans la représentation des Celestials. Ce rendu est, notons le, également due au travail d'encreurs vétérans qui savent sublimer le travail de Romita, comme Tom Palmer ou Klaus Janson. Romita rend hommage à la mémoire de Kirby, il en est le digne héritier (parmi certains élus), ces 7 épisodes représentent un tour de force, c'est de toute beauté.
En quelques épisodes, Gaiman et Romita ont su à la fois rendre hommage à la mémoire de Kirby, mais aussi proposer une lecture moderne et brillante du mythe. Eternals est un comics indispensable à savourer comme un bon cru, il respire le talent, il est l'oeuvre de deux grands artistes.