L'éditorial de la semaine

Publié le par Alexandre Bouscary

Pourquoi Watchmen sera un bon film ?

Je viens de relire Watchmen (d'une traite, comme toute les bonnes choses). Il n'y a aucun doutes, ce sera forcément un bon film (comprennez une bonne adaptation). Alors évidemment un optimisme crasse m'envahit car je refuse de concevoir que l'on puisse salir une telle oeuvre. Cela dit le comics est tellement dense, que même en passant à coté de la moitié, il resterait encore de quoi faire un grand film. Observons juste les élements essentiels : un polar qui s'ouvre avec une scène tonitruante (la défenestration du Comedian), qui contient son lot de flashbacks, de personnages intriguants (Rorschach, Adrian Veidt), d'action (l'évasion de la prison par exemple), baigné d'images fortes (destruction de New-York, écologie et bombe atomique) et porté par un souffle de romantisme adolescent (le couple Laurie et Dan). Vu comme ça, et pour peu que l'on conserve au montage les références de Moore (un petit single de Devo par ci, un petit cut up de Burroughs par là) on tient déjà un morceau d'anthologie en puissance. Reste à savoir ce que peut faire de tout ça l'intriguant Zack Snyder.

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L'énigme Zack Snyder

Zack Snyder a comme élément marquant de son C.V. Le film 300. Adaptation de comics, et film ovni en ce sens qu'il ne ressemble à aucun autre. Personnellement perplexe devant ce film, il faut reconnaître que ses principaux défauts sont ceux du comics d'origine : trop de narratifs, quelques longueurs, et un coté esthétisant de reproduction fidèle de planches parfois lassant. Le comics de Miller est assez court, condensé, et parfois statique. Le mettre en images sur près de 2 heures, en bouchant les trous avec des intrigues senti-menthe-à-l'eau-politique ne pouvait déboucher que sur un film étrange et boursoufflé. Pour Watchmen, le problème inverse se pose. Beaucoup de choses à faire rentrer dans un film qui sera forcément « court » en comparaison des 12 chapitres de la série. Qualité majeure de Snyder sur un tel projet : se mettre au service du comics (comme sur 300). Contrairement aux doubles pages grandiloquentes de Miller, il y à dans Watchmen une vraie narration graphique, fruit d'une collaboration aboutie entre Moore et Gibbons. De nombreux passages du comics pourraient être mis à l'écran « tel quel » en s'appuyant uniquement sur les planches comme story board, tant Moore multiplie les effets cinématographiques. Sur 300, Snyder avait entre les mains un portfolio, là il a à la fois un scénario en béton et un story board ahurissant.

Défaut majeur de Snyder : il a montré son incapacité à transcrire l'émotion (notamment entre un homme et une femme) dans 300. A sa décharge, les personnages transpirant de vanité le long de leurs muscles bandés n'offraient pas un terrain propice à l'exercice. En tout cas les personnages de Watchmen méritent mieux que des violons sous forme de guitare électrique et des ciels couchants after effects.

On serre les fesses et on attend avec impatience le résultat.

Publié dans Comics News

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